Equilibre vie privée – vie pro : un bon prédicteur de la satisfaction au travail et de l’engagement ?

 
 
 
 

équilibre vie privée-vie proDes études sont régulièrement menées afin de déterminer le niveau de satisfaction des salariés français quant à leur ressenti de leur équilibre vie-professionnelle/vie privée.

Un sujet d’importance : 96% des salariés aimeraient que leur travail prenne une place moins importante dans leur vie (Technologia, mars 2012).

Ainsi, 63% des français en seraient satisfaits dans le baromètre IPSOS EDENRED 2013. D’autres études ont obtenu des scores de 73% (BVA, 2010) voire 80% (Eurofound, 2010).

La plupart des analyses décrivent le déficit d’équilibre comme structurellement porteur de souffrance au travail et de perte de productivité pour les organisations. « 100% d’équilibre » devient implicitement un objectif en soi. Cette ambition est-elle réaliste ? L’équilibre vie privée-vie pro est-il un bon prédicteur de l’épanouissement et de la satisfaction au travail ?

Certain métiers portent structurellement un déséquilibre entre vie professionnelle et vie privée.

Mais alors comment traiter les métiers à horaires décalés, nécessitant des déplacements professionnels, dont les rythmes sont structurellement en écart avec ceux du commun des salariés ? Quid par exemple des VRP sur la route, des personnels de restauration, des transporteurs TIR, des hospitaliers, des marins, des militaires ?

Il apparaît vain d’attendre que l’équilibre vie privé-vie pro s’applique à tous les contextes professionnels, sauf à vouloir méconnaitre les impératifs économiques et sociaux de nos sociétés.

L’équilibre vie privée-vie pro déclaré ne garantit pas la motivation au travail.

Le graphique ci-dessous, issu de l’une de nos enquêtes, illustre le déclaratif de salariés quant à leur équilibre vie privée-vie pro et l’évolution de leur motivation au travail sur 2 ans. On relève que les courbes ne sont pas corrélées. Les variations s’expliquent par les inquiétudes des collaborateurs à l’égard de changements en cours et par le fait qu’une frange, dépitée, a décidé de « lever le pied ».

Par conséquent, si l’équilibre peut être un facteur d’épanouissement personnel, il ne saurait constituer un indicateur de l’engagement au travail, qui lui est un enjeu pour le succès des organisations.

Equilibre-motivation-et-equilibre-vie-pro-privee

Faut-il le rappeler, le travail est une source importante d’épanouissement et d’attachement… tant qu’on en contrôle la consommation.

On prendra pour exemple les résultats d’une enquête que nous avons conduite pour une grande entreprise, dont le secteur est connu pour la nécessité d’un fort engagement professionnel. Nous avons croisé les réponses des cadres et Etam portant sur la charge professionnelle ressentie et la satisfaction du travail. Pour chaque type établi, nous pouvons vérifier le ressenti de l’équilibre vie professionnelle / vie privée.

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La satisfaction au travail la plus importante se situe lorsque la charge de travail est forte. La satisfaction est la plus faible : charge faible ou normale vs charge excessive. L’engagement crée la satisfaction ; la limite à surveiller se situe dans l’excès de charge et le risque de « burn out », en particulier si le soutien social (collègues, management, famille) fait défaut.

Finalement, le déséquilibre vie privée-vie pro n’apparaitrait vraiment critiquable que dans la culture du présentéisme ?

Le problème de l’équilibre est moins le temps qu’on passe au travail que la façon dont on le passe. Quid de la production de valeur (et de sens) ? Quel est le temps perdu ? Quelle est l’obligation souvent non formalisée de présentéisme ? Trop souvent le temps passé au travail est interprété comme un indice d’engagement et de loyauté à l’organisation, même si le temps passé n’est pas productif.

Peut-être faut-il aussi interroger l’organisation même du temps des salariés… en dehors du temps de travail.

Une enquête réalisée par l’UE sur les conditions de travail en Europe peut venir alimenter la réflexion. Nous en présentons ci-dessous quelques résultats, pour la France et son pays de référence dans les média, l’Allemagne.

Paradoxalement, les Français semblent en retrait sur leur ressenti d’équilibre, alors même qu’ils apparaissent moins sollicités par leur travail. En revanche, ils apparaissent davantage absorbés par « le travail familial ».

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Ne faut-il pas en conclure que le ressenti de l’équilibre vie professionnelle vie privée tient aussi à la façon dont on investit sa propre sphère du privé et à la façon dont on estime devoir tenir et hiérarchiser ses différents rôles : parent, enfant, ami, conjoint ?

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